La ceinture verte, une opportunité pour la biodiversité et ses habitants

La ceinture verte autour de Paris, qui connaît ?

La perte de la biodiversité (des abeilles, des moineaux…), qui ne connaît pas ?

Quel est le lien ?

Les grandes villes sont d’énormes barrières pour la faune, elles impliquent une artificialisation des terrains et génèrent de nombreuses lignes infranchissables avec les routes à voies rapides et les voies ferrées qui les alimentent.

Or, la faune doit pouvoir contourner les villes. La faune, non plus, n’aime pas le confinement !

Depuis plus de 100 ans, entre 10 et 30 km autour de Paris, une zone a été identifiée comme pouvant jouer un rôle particulier : la ceinture verte :

  • D’abord imaginée pour limiter l’étalement urbain,
  • Ensuite, comme pouvant améliorer la santé et le bien être des citadins (espaces verts, parcs, sports, détente…),
  • Puis, comme une infrastructure de stockage de carbone (pour lutter contre le changement climatique), 
  • Enfin, comme un espace de protection de la biodiversité et du maintien de sa dynamique par les échanges d’espèces et de gènes.

Aujourd’hui, 60% de cette zone est toujours végétalisée, avec un tiers étant des forêts et les deux tiers des champs. Cependant, jour après jour, les villes continuent d’augmenter l’artificialisation et les routes et voies ferrées de créer des zones de confinement toujours plus petites.

C’est pourquoi, il faut saisir l’opportunité maintenant pour rendre son efficacité à la ceinture verte en recréant les connections manquantes avant que la Ville ne finisse d’étouffer la faune et la nature.

Mais comment ?

Le premier problème est qu’il existe une grande quantité d’intervenants (Etat, Région, Communes, Métropoles, Organisations…) et chacun regarde à son échelle.

Le second problème est que les habitants n’ont pas conscience de l’étouffement, du confinement de plus en plus dur de la nature (comme il suffit de regarder son jardin ou l’allée d’arbres dans l’avenue pour avoir l’impression que le vert existe).

Il faut donc avoir une vision globale et locale.

L’analyse des images satellites est parfaite pour cela parce qu’il est possible de faire ressortir très visuellement les isolations des blocs forestiers.

Voici un exemple avec 4 vues différentes du même endroit (Ris Orangis).

Cette première vue correspond à une carte routière avec les villes, les routes, les espaces verts… Sur cette vue, les blocs forestiers de plus de 4 hectares ont été identifiés en vert. Il semble que la couleur verte est dominante, donc la nature semble être à l’aise.

Première vue : la carte routière avec les blocs forestiers de plus de 4 ha

La seconde vue est ce que l’on voit depuis un satellite. L’impression de large présence des espaces verts est toujours la même, il est difficile de déceler un quelconque problème de connectivités entre blocs forestiers.

Deuxième vue : l’image satellite avec les blocs forestiers de plus de 4 ha

Sur la troisième vue, une analyse de difficulté de déplacement sur 2 kilomètres autour d’un bloc forestier a été effectuée, en utilisant la résistance au déplacement des villes, routes, autoroutes, voies ferrées, rivières, champs…, ce qui permet de définir les ensembles de blocs forestiers connectés. Ce sont les cellules en rose. Chaque cellule est isolée par rapport à ses voisines. La forte fragmentation des blocs forestiers devient d’un coup évidente.

Troisième vue : la carte des ensembles de blocs forestiers de plus de 4 ha connectés entre eux, chaque cellule en rose est un ensemble isolé des autres

Cette quatrième vue montre ce qui est déjà administrativement effectué avec les Forêts publiques en vert foncé et le Périmètre Régional d’Intervention Foncière PRIF (en marron), qui correspond aux zones sur lesquelles l’Agence des Espaces Verts a un droit de préemption (endroits reconnus comme intéressants par la région Ile-de-France pour en pérenniser la vocation forestière, naturelle ou agricole) et, en vert clair, des corridors possibles qu’il faudrait intégrer au PRIF pour améliorer les connectivités entre blocs forestiers.

Quatrième vue : la carte des actions administratives déjà en cours avec les Forêts Publiques (en vert foncé) et le PRIF (en marron), et des corridors écologiques possibles à rajouter au PRIF (en vert clair)

L’analyse ci-dessus correspond à des animaux terrestres qui se déplacent uniquement sur le sol, tel que le Renard Roux.

La même analyse a été faite pour une espèce volante commune d’Ile-de-France: la Mésange Bleue.

Accéder aux cartes interactives

Comment agir ?

Il est possible d’agir au niveau de chaque cellule, en rose, pour en vérifier la bonne fluidité comme l’engrillagement, par exemple, n’a pas été pris en compte.

Et il est possible d’agir pour identifier comment reconnecter des cellules d’ensemble de blocs forestiers, puis de mettre en place les actions identifiées.

Ainsi, les habitants d’Ile-de-France peuvent se mobiliser pour alimenter la réflexion des élus et décideurs locaux, maintenant qu’il est facile de comprendre l’état des connectivités des blocs forestiers.

Ces derniers peuvent anticiper les impacts d’un projet d’artificialisation grâce à ces cartes et adapter le projet en conséquence.

Il est possible de suivre l’évolution de l’utilisation des terrains en ce qui concerne les actions de restauration ou les opérations d’artificialisation en générant de nouvelles cartes ultérieurement et de les comparer.

Que ressort-il de la carte interactive ?

Il est possible de mettre en place des connectivités entre la plupart des blocs forestiers, il n’est pas trop tard.

Dans certains cas, l’action à entreprendre est l’adaptation d’une partie de champ pour promouvoir le déplacement de la faune (partie arborée, haies…) ou de bord de fleuve, de rivières ou de canaux. Ces actions sont plutôt faciles à mettre en place et peu onéreuses.

Dans d’autres cas, l’action consiste en l’installation de passage à faune comme lors de la traversée de voies rapides ou de voies ferrées. Ces actions sont plus difficiles à mettre en place et généralement onéreuses.

Les projets de lotissements et d’artificialisation peuvent être immédiatement estimés en ce qui a trait aux dégâts sur la connectivité, avant qu’ils ne soient mis en place.

Concrètement, il apparaît qu’il faut ajouter de nouvelles zones au PRIF* (Périmètres Régionaux d’Intervention Foncière) afin de les soustraire à l’appétit de l’artificialisation. Ensuite, il est urgent de lancer les opérations de restauration de connectivité comme la baisse de la biodiversité est déjà en cours.

* Pour plus d’information sur les PRIF : lien vers l’Agence des Espaces Verts